Selon nos informations, ADP projette d'investir plusieurs centaines de
millions d'euros d'ici à 2018 pour transformer le deuxième aéroport
parisien. Le groupe, qui précise que l'enveloppe ne devrait pas dépasser
450 millions "à ce stade", prévoit notamment la jonction d'Orly sud et
d'Orly ouest pour en faire un seul terminal plus fluide et plus grand.
Et compte sur la création d'une ligne de métro vers Paris et d'une gare
TGV. Un investissement qui n'était pas prévu dans le contrat de
régulation économique 2011-2015, signé avec l'Etat.
Après Roissy, Orly. Alors que l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle
(CDG) a concentré l'essentiel des investissements d'Aéroports de Paris
(ADP) depuis plus de six ans (CDG1, Terminal G, satellite S3, S4..),
celui d'Orly est à l'aube d'un lifting de grande ampleur. Selon des
sources concordantes, ADP projette en effet de lancer des travaux
colossaux de plusieurs centaines de millions d'euros qui s'échelonneront
jusqu'en 2018. ADP précise que l'enveloppe prévisionnelle est, "à ce
stade" de 400 à 450 millions. Ces travaux permettront d'améliorer la
qualité de services et la capacité d'accueil de l'aéroport, mais aussi
sa liaison avec la capitale et la province, puisqu'ADP table sur une
station de métro et une gare TGV à Orly. Des infrastructures qui ne
dépendent pas de lui néanmoins.
Jonction d'Orly sud et d'Orly ouest
Pierre Graff le PDG du groupe doit « dévoiler le futur visage de
l'aéroport Paris-Orly" le 17 octobre prochain", indique ADP dans une
invitation envoyée à la presse. «D'ici 2018, un seul et même terminal
pour Orly », ajoute le texte. En effet, l'essentiel de ces travaux sera
consacré à la jonction des deux aérogares du deuxième aéroport parisien,
Orly sud et Orly ouest, aujourd'hui distantes d'environ 500 mètres.
Cette jonction ressemble au chantier en cours à Roissy pour relier les
terminaux 2A et 2C. Cet espace ainsi construit accueillera donc des
installations aéroportuaires. Elles seront de très belle facture (sur
deux étages, pour respecter une harmonie avec les installations
existantes) ; une sorte de « petit S4 », selon un connaisseur du
dossier, le dernier terminal de Roissy, mis en service cet été, et dont
la qualité de services n'a rien à envier aux meilleurs aéroports du
monde.
Possibilité d'accueillir des A380
Il n'y aura en effet plus qu'un seul terminal à Orly. Celui-ci
sera d'autant plus important qu'à l'extrémité de l'actuel terminal sud,
une zone d'embarquement (dite jetée) sera construite. Equipée de six
points avions, elle pourra accueillir des gros porteurs, notamment des
A380. C'est par la construction de cette jetée que devraient commencer
les travaux.
Station de métro et gare TGV
En outre, le projet table sur une station de métro et une gare TGV (à
l'horizon 2020 pour cette dernière). De quoi améliorer les liaisons
avec la capitale et la province. La ligne de métro fait partie du Grand
Paris Express , dont « les engagements de l'Etat seront tenus, précisés
et financés », a indiqué mardi le ministère de l'égalité des territoires
et du logement.
Compagnies et passagers à l'étroit à Orly sud
L'objectif de cet investissement est multiple. D'une manière
générale, il vise à améliorer la qualité de services de ces
installations un peu vieillottes (Orly sud a été inauguré en 1961, Orly
ouest a été mis en service dix ans plus tard), malgré plusieurs
investissements au fil de l'eau ces dernières années. Cette amélioration
de la qualité passera également par une meilleure fluidité des
passagers. Les compagnies disposeront en effet de plus d'espace. A Orly
Sud, fief des compagnies à bas coûts, les transporteurs sont entassés.
Des problèmes de sous-capacités sont criants en périodes de pointe. Les
passagers d'Easyjet par exemple sont obligés d'enregistrer au sous-sol.
Cet engorgement a d'ailleurs agacé bon nombre de compagnies. Certaines
ont demandé des transferts de transporteurs vers Orly Ouest, en grande
partie réservée à Air France, dont l'activité d'Air France se réduit
depuis plusieurs années.
Capacité de près de 40 millions de passagers par an
Outre le côté qualitatif, Orly pourra accueillir plus de passagers. Sa
capacité pourrait croître d'une dizaine de millions de passagers par an,
selon des sources internes, à près de 40 millions de passagers
(l'aéroport en a accueilli 27 millions en 2011,
+7,7%, contre 61 millions à Roissy). Non pas en augmentant le nombre
d'avions, puisque le plafonnement de la plate-forme à 250 000 mouvements
d'avions (décollages et atterrissages) par an ne sera pas touché, mais
en augmentant la taille des avions. Ce phénomène s'accentue depuis
plusieurs années avec l'arrivée massive des compagnies à bas coûts.
Des investissements non prévus
Une partie des travaux est prévue durant la période du CRE (contrat
de régulation économique) en cours 2011-2015 signé avec l'Etat, lequel
dans l'enveloppe de 2,3 milliards d'euros prévue durant cette période,
ne prévoit pas un tel investissement. Va t-on, par conséquent, assister à
une hausse des redevances pour les compagnies aériennes et les
passagers ? « Pas du tout, c'est un investissement qui doit se faire à
la place d'autres investissements, explique une source proche du
ministère des transports. Il se fera à taxes et redevances inchangées
par rapport à ce qui était prévu ».
Départ de Pierre Graff
Ce projet, qui n'a pas encore été voté au conseil d'administration,
n'attend donc pas les conclusions du rapport sur l'avenir d'Orly demandé
l'an dernier par le gouvernement Fillon. Il sera mis en œuvre par le successeur de Pierre Graff à la tête d'ADP, contraint de démissionner le 11 novembre date à laquelle il aura atteint la limite d'âge de 65 ans.
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Source : La Tribune
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