La société Sky Aircraft, fabricante de l'avion Skylander, a demandé son placement en redressement judiciaire, faute de financement. Le groupe tente de convaincre l'État et les industriels de soutenir son projet.
L'avion bimoteur de Lorraine pourrait ne jamais voir le jour. Geci Aviation, maison mère de la société Sky Aircraft, a en effet le plus grand mal à trouver les financements nécessaires à la finalisation du projet. En cessation de paiement, l'entreprise, qui risque la liquidation, réclame son placement en redressement judiciaire le temps de trouver des soutiens. Le tribunal de commerce de Briey (Meurthe-et-Moselle) doit rendre sa décision jeudi 4 octobre à 11h30.
L'histoire avait pourtant bien commencé. Serge Bitboul, patron du holding Geci International, avait choisi la Lorraine pour lancer son projet de construction d'une nouvelle génération d'avions biturbopropulseurs situés sur le créneau des appareils de transport à bas coût. Baptisé Skylander SK-105, l'avion sera très vite surnommé «la Logan des airs». L'appareil, présenté comme «flexible et économique», peut transporter jusqu'à 19 passagers ou 2,7 tonnes de fret et peut atterrir sur des pistes «courtes et sommaires». «C'est ma fibre patriotique qui m'a fait accepter l'implantation du projet en Lorraine. Je bénéficiais de plus de primes au Portugal», a affirmé le PDG du groupe à Vosges Matin . Le programme est lancé sur l'ancienne base militaire de l'Otan, à Chambley et mobilise 173 personnes ainsi qu'une vingtaine de consultants extérieurs. Le projet est jugé crédible et rentable par plusieurs observateurs. Serge Bitboul affirme que 36 commandes fermes ont été passées.
En attendant l'État
Le groupe, qui s'était donné pour objectif de faire naître un nouvel avionneur sur les terres d'Airbus, avait réussi à obtenir 100 millions d'euros de financement. Oseo, le conseil régional de Lorraine ou encore des investisseurs de Geci International et Geci Aviation ont répondu présent. Mais les fonds ne suffisent plus. Sky Aircraft ne génère pas de revenus et le groupe Geci fait rapidement état d'une trésorerie «très tendue» pour son pôle aviation. Au bord du gouffre, la société n'a toujours pas versé les salaires du mois de septembre.
Aujourd'hui, direction et salariés appellent l'État à tenir ses promesses. Ce dernier s'était engagé à participer au programme via le Fonds stratégique d'investissement (FSI) et le Grand Emprunt, à hauteur de 60 millions d'euros, mais il n'a toujours rien versé. Avant de débloquer ces sommes, le FSI réclame de Sky Aircraft qu'il s'adosse à un industriel capable d'assurer la pérennité du projet. Cet été, Serge Bitboul a multiplié les contacts et demandé la suspension de cotation des cours Geci International et Geci Aviation. Des rumeurs parlent d'une filiale d'EADS, de Safran, mais aussi d'investisseurs américains et israéliens. Mais rien n'est confirmé. Le FSI reste également silencieux. Interrogée par lefigaro.fr, une porte-parole a simplement confirmé l'existence de «négociations confidentielles. Le processus est en cours.»
Serge Bitboul a admis qu'il avait sous-estimé «non la surface financière nécessaire, mais la difficulté à convaincre de la pertinence de ce nouveau marché de niche». Il affirme avoir besoin dans l'immédiat de 700.000 euros pour faire face aux dépenses les plus urgentes et espère surtout un engagement rapide de l'État pour assurer le succès de son prochain tour de table - prévu en octobre ou novembre -, censé lever 150 millions d'euros. «Franchement, on ne nous a pas déroulé le tapis rouge, et pourtant on continue. Car on y croit. En France, on n'accepte pas les aventures industrielles. Ce que j'attends des pouvoirs publics? Qu'ils créent de la confiance, et les investisseurs suivront», assure ce dernier. Serge Bitboul se dit aujourd'hui prêt à «lâcher les commandes du projet» si un investisseur l'exige. Optimiste, ce dernier fixe toujours la date du premier vol du prototype du Skylander à mars 2014.
Source : Le Figaro
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