01/11/2012

Faut-il avoir peur pour Airbus ?


Airbus inaugurait la semaine dernière à Toulouse le site de production de son nouveau long courrier l’A350. On n’arrête pas de nous dire que la France souffre d’un problème de compétitivité et là, Airbus apporte un démenti en investissant et en créant des emplois. Qu’est-ce qui fait qu’Airbus réussit, là où d’autres échouent ?
Le premier avantage d’Airbus est d’être sur un marché extrêmement porteur. Le transport aérien est un métier en plein boom porté d’abord par la croissance des pays émergents. Quand on s’enrichit en Inde, en Chine au Brésil ou ailleurs, on prend plus l’avion pour le business comme pour le tourisme. Et du coup les nouvelles compagnies aériennes achètent de plus en d’avions. 

En parallèle, dans les pays matures comme l’Europe ou les Etats-Unis, les grandes compagnies historiques ont elles besoin de moderniser leur flotte pour disposer d’avions moins gourmands en kérosène. Tout ça c’est excellent pour Airbus qui dispose de 8 années de carnets de commandes. Ils ont déjà prévendu 4.400 avions, soit 486 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Ça c’est la tendance de fond, mais pourquoi Airbus en profite plus que d’autres constructeurs aéronautiques ?
Ce métier est très particulier. Pour des raisons historiques et techniques, les barrières à l’entrée sont très élevées. Un avion c’est cher et c’est dangereux. Donc quand on est une compagnie et qu’on achète pour plusieurs milliards d’appareils on préfère payer un peu plus mais travailler avec quelqu’un en qui on a totalement confiance. On préfère un fournisseur qui a démontré sur la durée qu’il était fiable. Du coup cela procure un grand avantage à Airbus et Boeing. Sur le marché des longs courriers, des gros porteurs, ils sont en duopole. La concurrence n’est que sur les avions de moins de 100 places, sur les avions régionaux. Sur le marché des mobylettes on peut partir de zéro et marquer des points. Dans l’aviation c’est très dur et très long.
Mais comment Airbus, l’européen, a réussi à faire jeu égal avec un colosse américain ?
La réponse est dans votre question. Le premier atout d’Airbus c’est d’être vraiment européen. En France on voit le côté toulousain, très français, mais un Airbus c’est un puzzle, c’est un appareil assemblé avec des ailes qui viennent d’Angleterre, le fuselage d’Allemagne, la cabine de France. Et l’Espagne ou l’Italie envoient aussi des éléments essentiels. Airbus c’est l’exemple même que l’union européenne fait la force. Le deuxième atout c’est que l’avionneur mise sur les technologies de pointe. C’est un groupe innovant et du coup il peut produire en Europe, même si les salaires sont élevés. C’est du haut de gamme, comme Mercedes dans l’automobile par exemple.
Aujourd’hui tout va bien. Mais est-ce que ce succès est durable ?
Tous les clignotants sont au vert. Entre 2011 et 2012 Airbus aura engrangé plus de 2 000 commandes en cumulé, soit trois fois son chiffre d’affaires annuel. Mais dans une industrie de pointe comme celle la, le moindre grain de sable peut avoir de très lourdes conséquences. L’A350, le dernier né de la famille Airbus est un avion stratégique mais pour l’instant il ne vole pas encore et Airbus ne sait pas encore le fabriquer en série. 
Dans les deux années qui viennent l’avion va devoir décoller et les chaines de montage vont devoir trouver leur vitesse de croisière. Tout ça c’est facile à dire mais très difficile à faire. Il faut s’en souvenir l’A380 a rencontré plein de problèmes, le 787 de Boeing pareil… donc il faut se montrer confiant… mais aussi prudent. Un accident industriel est si vite arrivé. Et dans ce métier les accidents coûtent cher, très cher.
Source : Les Echos

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